[LIVRE] Atlas de l'Anthropocène, Presses de Sciences Po, 2020

« Atlas de l’anthropocène », seconde édition actualisée et augmentée, Francois Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’Atelier de cartographie de Sciences Po. Presses de Sciences Po, 2020, 174 pages.
 
Lisibilité:  
Accessibilité:
Qualité des infographies/photos:
 
Note Générale:  
 
Le poids de mots, le choc des graphiques. 
 


 
Vous cherchez un ouvrage qui fait le tour (en surface mais l’essentiel est là) des questions environnementales liées aux activités humaines, à jour, sans langue de bois mais aussi sans exagération ? Vous êtes du genre visuel et lire des infographies est un jeu d’enfant pour vous ?
 
Courez vous procurer ce bouquin ! Les infographies sont à la fois originales, belles (voire magnifiques, et parfois inquiétantes) et faciles à comprendre. De plus les textes (courts mais essentiels) qui les entourent ne sont en rien des redites, les deux étant parfaitement complémentaires. C’est plus qu’un bouquin, c’est un « Beau Livre » comme on dit. 
 
Il s’agit d’une très belle vulgarisation, faite pour tout le monde: 
 
- Si vous êtes déjà un habitué des thématiques abordées, vous dénicherez là à tous les coups, ou presque, une nouvelle manière d’agencer les données sur des cartes (rarement centrées sur l’occident, c’est perturbant au début mais c’est un régal), des tableaux, des lignes du temps, bref, à peu près toutes les manières imaginables d’organiser visuellement des données. C’est d’une richesse inouïe, une infographie par page, sans jamais de redite visuelle. Je ne peux m’empêcher de vous mettre quelques photos 😅. Vous serez sans doute un peu déçu par le contenu des textes (vous n’apprendrez pas grand grand chose, mais y’a des surprises pour tout le monde), le but de l’ouvrage n’étant pas d’aller au fond des choses et des mécanismes à l’œuvre mais bien d’avoir une vue d’ensemble, un « screenshot » de l’état dans le lequel nous mettons le monde, mais aussi de comment on tente (bien mal) d’y changer quelque chose. 
 
- Si vous découvrez le sujet, le contenu est étonnamment abordable: peu de technique et de jargon, des infos de base sur à peu près tout, et surtout vous ne fermerez pas le livre totalement effrayé ou désemparé. Un peu angoissé peut-être, mais y’a de quoi 😆
 
Deux choses que j’ai aimées dans ce bouquin:
 
1 . Il n’est pas trop orienté (impossible d’être neutre, même en le prétendant, mais voir le point 2 quand même), ni politiquement, ni idéologiquement, ni scientifiquement: on fait la part des choses explicitement entre ce qu’on sait (ou ce qui fait consensus), ce qu’on ne sait pas encore ou ce dont on n’est pas certain, et ce qu’on espère.
 
2 . Un accent spécial est mis sur la répartition géographique des problèmes et défis constatés. C’est pas étonnant puisque Gemenne est spécialiste des phénomènes de migrations environnementales. Dès lors le « poids » de la responsabilité (et non culpabilité, c’est très différent!) est remis à sa place, tous comme les risques. C’est un peu la seule « orientation » (louable selon moi) que je vois dans cet ouvrage: il est régulièrement mis en exergue que la source des multiples problèmes viennent souvent (pas systématiquement, et les nuances que le bouquin apporte sont très intéressantes) de la part de ceux qui en supportent le moins les nuisances (pour l’instant, du moins). 
 
Thématiques abordées en couleurs, contrastes et nuances:
 
1 . L’anthropocène: qu’est-ce que c’est, à quoi ça correspond, quels débats y a-t-il autour de ce terme (quand je vous dis que le bouquin est tout en nuance: il expose aussi les arguments « contre ») ?
 
2 . L’exemple d’une mobilisation mondiale contre le trou de la couche d’Ozone. 
 
3 . Le climat: réchauffement, causes et conséquences, fonte des glaces, élévation du niveau marin, acidification des océans, défis sanitaires, migrations, guerres potentielles et avérées, seuils de rupture, emballement, relation entre climat et biodiversité.
 
4 . Biodiversité: disparition des habitats, déforestation, incendies, surpêche, espèces envahissantes, pollinisateurs, zoonoses. 
 
5 . Les pollutions: déchets ménagers et industriels, plastiques, déchets nucléaires, particules fines, marées noires, perturbateurs endocriniens, risques industriels et catastrophes passées, pollution des sols.
 
6 . Démographie: j’ai eu peur (enfin pas tellement, je connais un peu la vision de Gemenne) des écueils habituels (on est trop, faut réduire !), et bien pas du tout. L’accent est bien mis sur les disparités des empreintes environnementales de par le monde, ouf: consommation par habitant par région du monde, modes de vie, consommation énergétique par tête de pipe, alimentation, accès à l’eau, régimes alimentaires, centres urbains & mégapoles. 
 
7 . Les politiques mises en place: historique des sommets mondiaux, des connaissances scientifiques, la fabrique du doute des industriels et financiers, quel militantisme de par le monde, quelles politiques mises en place VS qu’elles politiques réellement exécutées. 
 
On a donc ici un tour d’horizon complet de nos défis et des réponses engagées, promises, réelles. Sans prise de parti affichée (bon, quand même, les auteurs rappellent qu’il est pas trop tard pour qu’il soit temps d’y pouvoir quelque chose, mais que les délais deviennent courts pour agir), sans côté « donneur de leçon » et sans volonté de faire la morale.
Après la lecture, chacun se fera son idée sur sa place, son impact, son champ d’action, ses possibilités individuelles et collectives. Vraiment un « référentiel » vers lequel je vais me tourner régulièrement, c’est évident. 
 
Ce livre ne va pas finir dans ma bibliothèque entre tous les autres (j’ai passé les 90 bouquins, youpie - pour les grincheux: je suis aussi sur le terrain hein 😛), mais restera à portée de main !
 
Un note 5 étoiles pour un panorama unique
🥳









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